[Plateforme d'atterrissage]
Ses talons claquaient sur les sols froids des couloirs du Bastion.
Elle porta une main à sa bouche et bailla.
"Que c'est triste ici... Ils ne connaissaient pas les tapis, les tentures ?"
Ils marchaient sans avoir où ils allaient. Elle était déjà lasse de la pauvre décoration des lieux.
Elle se mit à imaginer sa chambre puisqu'elle n'avait rien d'autre à faire et à penser. Elle la voyait grande, luxueuse, chaude. Des couleurs, ce rouge qu'elle aimait tant qu'elle ferait trancher parun profond noir. Elle aurait une cheminée, dusse-t-elle la faire apparaitre depuis son ancienne maison. Elle aimait la danse chaude des flammes dans l'antre, l'envoutante volupté de la fumée. Pourrait-elle avoir son propre bain ? Des miroirs, il lui faudrait des miroirs de partout. Pourquoi pas un au plafond ? Ca serait marrant de se voir allongée... Sa chambre serait belle, plus belle encore que celle qu'elle avait laissé à Vedog... Mais même cette perceptive n'arrivait pas à chasser son ennui. Elle laissa échapper un long soupir s'arrêtant en plein milieu du couloir qu'ils empruntaient.
Les pensées de Garçon étaient effacés par la découverte des lieux. Tout ce qu'il voyait il le trouvait grandiose. Il se rappela la première fois qu'il avait pénétré dans la demeure familiale des Gorn et cette sensation qui l'avait envahi : puissance et grandeur. Il ne savait pas alors qu'il y passerait plusieurs années mais y rêvait. Thamara l'avait gardé auprès d'elle et il avait même eu droit à une vraie chambre. Il ne se souvenait alors pas de la dernière fois qu'il avait eu un vrai lit pour dormir...
Aujourd'hui, c'était un autre univers qui s'offrait à lui. Plus sombre mais tout aussi emprunt de majesté pour l'ancien vagabond.
La présence de Thamy à ses côtés disparut. Elle venait de s'arrêter.
Il se tourna vers elle et la vit soupirer. Garçon lui prit une main cherchant à capter son regard éteint.
"Oh mon ami..."
Quelle drôle de lassitude qui venait de l'envahir ! Elle n'aimait pas se sentir si désarmée, si molle. Elle respirait toujours la santé, la joie et la beauté. Il n'était pas question qu'elle se laisse aller à se plaindre ainsi... Mais elle en avait envie, elle en avait envie comme une gamine qu'on prive de jouets avec lesquel s'amuser.
Une lassitude qui trahissait une envie de bouger mais qui la paralysait pourtant en cet instant.
"J'ai envie de m'amuser... de bouger... mais que faire ici ? Il n'y a rien... "
Ce dernier mot venant du plus profond de son âme résonna sur les parois du couloir. Elle l'avait littéralement crié. Inconsciemment, elle voulait que d'autres l'entendent.