Montagnes blanches [Mission : Clef Urianne]

Le petit vaisseau où se trouvait Ryô arriva bientôt en vue d'Uria (plus que deux petits kilomètres). Si tant est qu'à travers les violentes raffales neigeuses, le jeune garçon put voir quelque chose.
Un petit bouton clignota sur le tableau de bord alors que l'appareil se mit à tanguer dangeureusement.

Les secousses furent de plus en plus fortes et le vaisseau finit par piquer du nez et arrêta sa descente en rencontrant une épaisse couche de poudreuse. Cet arrêt du voyage aurait pu être plus brutal si la neige n'avait pas amorti la chute.

Le bouton rouge continua de clignoter et une voix mécanique s'éleva alors :
" Immobilisation forcée de l'appareil ! "

La tempête à l'extérieur était moins forte que dans les airs... ou du moins, elle le semblait.

"Opérations de réparage automatique lançées"

[Alentours de l'Académie - Astro-Port]

Le pilote droïde n’était pas très bavard. Il devait s’agir d’un vieux modèle car quand Ryô le questionnait, le robot lui répondait qu’il ne comprenait pas le sens de sa question. Exaspéré par l’infériorité de l’intelligence artificielle, le garçon se mit à bouder dans son coin les bras croisés, en se demandant où il pourrait bien trouver ces fameuses clés. Il devrait commencer par se renseigner dans les bibliothèques, les mairies ou encore les musées. Il ne savait pas vraiment, s’il trouverait ça dans ce pays. Toutes les régions de Zéphira n’étaient pas aussi développées les unes que les autres et accusaient un certain retard. Celui-ci pouvait s’expliquer par plusieurs facteurs dont le climat. C’était la raison pour laquelle Ryô-chan soupçonnait la technologie de ce pays glacial de ne pas être très avancée. Depuis sa fenêtre, il observait les paysages enneigés défiler à toute allure. A Myrten, les hivers étaient relativement frais. La température ne descendait jamais en dessous des cinq degrés. A cause de cela, il n’avait jamais approché de la neige d’aussi près qu’aujourd’hui. La poudreuse recouvrait la terre, les grands pins, et les toits des maisons.

Quand il sentit le froid le gagner, le garçon se dirigea vers la soute arrière du vaisseau chercher des vêtements chauds. Farfouillant dans les placards et les coffres, il finit par trouver son bonheur avec un long manteau à capuche gris clair. Ses yeux tombèrent également sur une paire de lunettes de protections aux verres orangés qui se portaient à l’aide d’un gros élastique noir. Il s’emmitonna dans l’épaisse laine et plaça sa jolie trouvaille sur ses deux beaux yeux gris.
Soudain, une violente secousse projeta l’exorciste à l’autre bout de la pièce. Heureusement, il atterrit sur une pile de couvertures, et ne se fit pas mal. Prudemment, il se dirigea vers un hublot et comprit que le vaisseau perdait rapidement de l’altitude. Quelque chose les avait peut-être percuté. Le garçon retourna à la cabine de pilotage, le droïde n’avait pas l’air dans ses meilleurs jours. Le froid semblait altérer son fonctionnement. C’est vrai qu’il commençait à faire très froid.



« -Il faut que je sorte rapidement d’ici ! Esprits aidez-moi ! »

Ses dons d’exorcisme ne lui seraient d’aucun secours dans cette situation. Il fallait qu’il trouve seul un moyen de s’en sortir, et au plus vite. Bientôt la navette allait se crasher et l’habitant d’Enaris deviendrait un fantôme errant comme tant d’âmes qu’il avait déjà secouru. La vie pouvait être tellement cruelle parfois. Au même moment, l’Anneau se mit à briller laissant la place à sa seconde personnalité. Son regard avait une expression plus sévère tandis que les pics de sa coiffures semblaient encore plus pointus qu’à l’habitude. Ryô-kun prit un peu d’élan et frappa avec son pied dans la porte pour la déverrouiller. Celle-ci résista à ce premier assaut mais l’esprit maléfique ne se découragea pas pour autant. Il renouvela ses tentatives jusqu’à que ses efforts soient récompensés. Il n’eût pas le temps de se reposer après cet effort pénible car il se fît happer par un trou d’air et roula dans la neige.



« - Saloperie de porte ! »

L’engin ne tarda pas à s’écraser un peu plus loin. Bien que sa chute fût amorcée, il n'avait plus l'air en état de fonctionner. L’exorciste regarda autour de lui et là ce fut le choc. Pas un seul signe de vie aux alentours. Juste un bois tapissé de glace. L’adolescent à la crinière blanche frappa ses deux poings dans la neige, cerné par la rage. Il posa ensuite ses doigts sur le bijou doré et retourna s’y cacher pour échapper à la morsure glaciale de la toundra.

« - Je te laisse le soin de t’occuper du reste, mon petit Ryô-chan … »

L’adepte de la lumière s’allongea mollement dans la neige, enroulé dans son manteau et ferma les yeux.

Une espèce d'homme-esquimau, qui se déplacait en traineau, vit la masse informe du jeune adepte de la lumière dans la neige. Il décida de s'approcher pour voir de quoi il en retournait.

"Que fais-tu dans la neige mon garçon? Tu vas mourir de froid ici!! Viens avec moi, je rentre au village si le coeur t'en dit."

Ce furent là ses dernières paroles…La lame froide et courbée d’un katana venait de percer son torse pile en son milieu, lui arrachant une plainte qui se transforma en râle d’agonie…

La terrible lame se retira lentement du corps de l’homme qui s’écroula dans la neige, la maculant de son sang…Un si beau papier blanc, si pur…Maculé par ces horrible tâche, par ce liquide si répugnant et si attirant à la fois… Alarion crut devenir fou…

Il rabaissa sa lame, laissant le sang qui la souillée tomber gouttes à gouttes dans l’immaculée couverture de poudreuse…Le vampire vit l’âme de l’homme s’échapper de son corps en hurlant…Une âme de plus qui tournoierait autour de lui…

Son regard sans vie se posa sur le jeune élémental…Il semblait si frêle, si enfant…

*Je suis un monstre…*

Cette réflexion raffermit la haine dans le cœur meurtri d’Alarion…C’était de la faute de l’Académie si il était devenu une créature sans vie…Il était normal et pure justice qu’il leur arrache ce qu’ils lui avaient prit…

Le vampire tout encapuchonné et emmitouflé dans son lourd manteau de cuir noir était absolument caché de la lueur meurtrière du soleil…Il fit un pas dans la neige, sa lame finissant de s’égoutter.

« Lève-toi… »

Cet ordre avait était lâché sans le moindre sentiment, sans la moindre agressivité…Une voix sans nuance…Un ordre qui suffisait à lui-même et qui n’acceptait aucun refus…

Le froid avait engourdi tout le corps de Ryô, et l’empêchait ainsi de reprendre conscience. Les paupières fermées, la peau rougie et le cœur battant de moins en moins vite … S’il ne se réveillait pas rapidement, son sommeil durerait toute l’éternité. Les pointes de l’Anneau d’or tremblaient sous les assauts répétés du vent.
Des aboiements de chiens finirent par faire sortir le garçon de sa torpeur mortelle. Le visage enfoui dans une couche de poudreuse, il secoua sa tête de gauche à droite pour faire sortir la neige. Comme il en restait un peu sur le haut de son nez, il l’essuya avec la manche de son manteau. A tous les coups, il avait attrapé un rhume. Affaibli par sa chute, il ne pût se lever ni crier pour appeler à l’aide, il se contenta d’agiter ses bras dans tous les sens pour faire signe à l’autochtone. Celui-ci avait apparemment remarqué la présence de l’étranger et s’apprêtait à la rejoindre. L’homme fit claquer dans les airs un énorme fouet et les chiens coururent de plus belle. Leurs pattes soulevaient de la neige qui volait dans tous les sens.



« -Je suis ici. » dit-il faiblement.

L’Urianéen s’approcha de l’adepte pour l’aider à se relever mais son mouvement fut stoppé tout à coup et le pauvre bougre s’effondra à terre, la poitrine transpercée par une lame d’acier. Quelques gouttes de sang s’écrasèrent sur le minois de l’exorciste dans un bruit répugnant. Surmontant sa douleur, l’adolescent se traîna dans la neige pourpre et releva le corps sans vie du malheureux qui avait voulu lui venir en aide.
Les yeux de l’adepte se tournèrent inexorablement vers l’impitoyable assassin. Malgré un visage un peu carré et un air pathétique, il était plutôt beau gosse. Ses prunelles grises assorties aux mèches argentées qui couraient sur ses épaules fixaient sans ciller Ryô-chan qui peinait à se remettre debout malgré les ordres du vampire.
Quel imbécile il avait été de ne pas prendre d’armes avec lui. Il était parti si vite … Et maintenant, il était à la merci du premier venu. Qu’allait-il lui faire ? Le détrousser et le tuer ? Il pourrait même abuser de lui. Il venait de tuer un homme sans aucun état d’âme, il n’y avait donc pas de raison pour que celui-ci s’y prenne autrement avec l’Elémentaliste.

« - Cet homme venait me sauver et vous l’avez tué ! Cela vous apporte quoi de faire ça ? »

Ryô-chan avait toujours cru au bien fondé de l’âme humaine. Le mal n’existait que dans les circonstances, jamais dans les idées. Pourtant, depuis la mort de son père, sa conception du monde commençait à se transformer. L’homme pouvait-il tuer les siens pour le plaisir ou avec autant de dédain et d’indifférence. Où était passé le respect de la vie ? Ce concept avait-il un jour existé autre part que dans le monde féerique que le garçon s’était imaginé ?
La vision de l’habitant d’Enaris se troubla un instant. Il se sentait nauséeux. Cet air était chargé d’un parfum malsain : la mort …

Quel douce senteur…Le parfum nacré du sang, ses quelques reflets métallique et son arrière goût si amer…Le vampire s’étonnait lui-même de la précision avec laquelle il distillé cette odeur, il aurait presque put dire si l’homme qu’il venait de tuer était malade…

Alarion se surprenait à se découvrir de si nombreux dons…C’était là la bien moindre des compensations pour toute sa douleur. Si l’on peut parler de compensation ! Quel avantage y a-t-il à renifler la mort comme un chien renifle la nourriture que lui laisse son maître ? Quelle joie tirer de la souffrance et de la nécessité du meurtre pour la survie ?

Le vampire ne détourna pas son regard impitoyable, fixant toujours le jeune élémentariste qui venait de se relever, agrippant le cadavre de l’indigène. Alarion analysa un instant ses mots…Il n’avait rien gagné…Rien perdu non plus…

« Cela ne m’apporte que de la compagnie… »

En effet, l’âme du pseudo-sauveur tournoyer en poussant ses hurlements inaudible autour d’Alarion…Ils commençaient à être nombreux les défunts, le vampire fut prit de dégoût à la vue de son vaste cortège…Il y avait là des gens qui avaient été ses amis, ici des adeptes du néant qui avaient attaqué sont villages…Mais il avait beau faire, il ne les trouvait pas…

« Elisabetha… »

Alarion semblait avoir oublié le jeune homme pendant un court instant mais se reprit presque aussitôt, plongeant ses yeux dans ceux de Ryô, déshabillant son âme…

« Il venait te sauver…Et où étiez vous quand il fallait les sauver eux !? En quel honneur mériteriez vous d’être sauvé et pas eux ! »

La lame ensanglanté se leva rapidement, tenu à l’horizontal par son maître, trop loin pour menacer encore directement le jeune élémentariste mais trop près pour être inoffensive.

« Tu paieras pour tous les autres… »

Une chose tout de même chagriné le vampire et il pencha la tête sur le côté, quelques mèches lui tombant sur le visage.

« Tu n’a pas d’armes ? »

Pourquoi se retrouvait-il dans cette situation ? Il était désemparé, désarmé face à ce guerrier sinistre que le menaçait de sa lame. Pour une fois, il aurait aimé que son affreux alter-égo se manifeste et le sorte de ce traquenard. Mais celui-ci demeurait silencieux, terré dans l’Anneau d’or. L’exorciste devrait se débrouiller seul, ne comptant que sur ses propres forces. Du moins, ce qu’il en restait. Son arsenal se résumait à une planche Oui-Jâ, quelques crayons, son cours de MRA. Il pouvait toujours essayer d’assommer le vampire avec la planchette, ensuite, lui planter les mines de carbone dans les orbites et enfin, l’étouffer en lui faisant avaler le papier. Mais les chances que ce stratagème réussisse sans que l’adepte du Néant ne l’ait charcuté avec son sabre avant ne dépassait pas même les 1%. Autant dire que l’adolescent était condamné.
Les yeux d’Alarion se perdirent dans le vague, comme si son regard détaillait des silhouettes invisibles. Il était peut-être pris d’hallucinations ce qui n’était pas pour rassurer Ryô-chan. Il n’avait aucune envie de passer ses derniers instants avec un aliéné psychopathe.



« - Vous tenir compagnie ? Je ne comprend pas. » dit-il pour essayer de gagner du temps.

Sa mère disait souvent qu’il fallait combattre le feu par le feu. Aujourd’hui, il allait tester la véracité de ce proverbe. Il fallait appeler son double. Mais comment lui montrer qu’il était prêt à lui soumettre son corps entièrement ? Il y avait bien un moyen.
Le garçon posa ses deux mains sur son Anneau millénaire et essaya de le retirer. La réaction fut immédiate, et l’œil gravé sur le bijou se mit à scintiller. L’Autre s’était réveillé. Fallait-il vendre son âme au diable pour sauver sa vie ? Etait-ce vraiment le bon moyen ?

« - Toi qui sommeille dans mon corps, je t’en prie, viens moi en aide. »

Les doigts de l’habitant d’Enaris relâchèrent leur emprise sur le pendentif et celui-ci revint se loger contre la poitrine de son propriétaire. Subrepticement, deux mèches de cheveux frontales se levèrent d’elle-même comme si chargées d’électricité. De même, la douceur du regard laissa la place à une rage sans limite, un besoin avide de violence. Ryô-kun s’était réveillé. Il saisit sa jambe douloureuse et d’un coup sec remit l’os déplacé au bon endroit.



« - Bordel, ça fait mal ! »

Le parasite se releva tant bien que mal en prenant appui sur ses bras. Il venait de se trouver un corps d’emprunt et il ne comptait pas le laisser au premier venu. Il faudrait se battre avant. Le petit protégé de Perséphone n’avait pas l’air dans son assiette. Voilà qu’il se mettait à parler tout seul. Etait-ce une feinte pour baisser la vigilance de Ryô-kun ? Cela n’en avait pas l’air.

« - Je te conseille de ranger gentiment ton cure-dent dans son fourreau avant que je ne te le plante entre les deux yeux, tu seras mignon. »

Alarion aurait bien voulut répondre mais le manège du jeune homme l’intrigua quelque peu et il décida de clore ses lèvres pour examiner les gestes du garçon, toujours sans le moindre sentiment. Quand l’os se remit en place, un juron s’échappa des lèvres de l’élémentariste qui semblait légèrement changé…

Le vampire l’examina de manière plus poussée et décela un léger changement dans la lueur de son regard…On pouvait y lire une sorte de violence, de sourde colère qui ne demandait qu’a déborder. Cela pouvait être plus intéressant que prévue.

Le nouveau jeune homme qui se tenait devant lui tenta une menace, laissant le temps au vampire de s’imprégner de cette nouvelle aura. Etrange comme tous les êtres humains avaient une aura différente, très légère différence, comme les nuances d’un même parfum à l’infinie… Ne prenant aucune peine de répondre à la menace, le vampire hocha juste la tête, commentant à haute voix.

« Un dédoublement de personnalité…Je n’imaginais pas que l’on recruté les attardés à l’Académie… »

Ne baissant pas sa lame, Le vampire plongea dans le regard de Ryô.

« Cesse tes inepties… Mais avant de répandre tes tripes… Tu vas me dire tous ce que tu sais sur la Clef Urianne…Et je ferai en sorte que tu ne souffres pas… »

Et il était sincère… Alarion n’aimait pas ce qu’il allait faire, mais il y était obligé, simplement pour s’attirer la haine du monde… Les fantômes se mirent à tournoyer autour de lui, valse macabre qu’il était le seul à percevoir… Tous ces mouvements imperceptibles firent doucement bouger ses cheveux d’argent mi-long et sa lourde cape noire…

*Bientôt il y aura un nouveau danseur dans mon ballet…*

Décidement, cette personne était aussi changeante qu’une girouette un jour de tempête. Il venait à peine de l’insulter à nouveau que son aura changé à nouveau… Cela devenait vraiment pathétique…Le gamin semblait être redevenu faible à souhait et le Vampire commençait à douter… Douter que ce morveux sache réellement quoi que ce soit…

Et voila qu’il faisait mumuse avec une planche…Bonne chance si il voulait comprendre quoi que ce soit, Alarion voyait parfaitement ce qui se passait, les esprits s’agglutinaient autour de la planche et se disputait le curseur…Soudain tous les esprits s’écartèrent et seul l’un d’entre eux fit mumuse avec le curseur.

En tout cas cela eu pour effet d’énerver le gosse…Le Vampire arqua un sourcil en voyant la boule se former…Mais le plus étrange c’est que sa propre main gauche se mit à le démanger, comme si elle cherchait à lui dicter quelque chose, son instinct… Alarion leva à son tour sa main gauche, et ce sont des particules grises et noires qui s’y concentrèrent… Mais pas assez, il avait mit trop de temps à réagir.

La boule du gamin partit et fila droit vers lui, il eu juste le temps de relâcher la sienne et de reculer au plus loin, les deux boules se rencontrèrent avec violence mais celle d’Alarion ne put absorber toute l’énergie de celle du gosse qui était allait s’écraser prêt du vampire, faisant quelque trous de ses lourds vêtement. Il poussa un sifflement qui fit apparaître ses canines aiguisé à travers sa capuche un peu déchirée… Heureusement qu’il lui restait assez de tissus pour le protéger du Soleil…

Enervait, le Vampire prit son arme à deux main et chargea le jeune élève en sifflant toujours, au diable les renseignements, il pourrait toujours les lui arracher quand il le suppliera de l’achever…

Pendant ce temps, un autre esprit avait prit la planche, celui de la femme d’Alarion…Elle se savait invisible à son mari et le message qu’elle laissait était toujours le même : « Aidez-le »

Si seulement elle savait qu’il ne désirait plus d’aide…

(C'est court -_-...Désolé)

L’adepte de la lumière reprenait difficilement son souffle. C’était la première fois qu’il utilisait ce genre de techniques et à vrai dire ça l’épuisait. Il avait lu quelque part que les sorts de projection comme celui qu’il venait de réaliser faisait descendre beaucoup plus rapidement les réserves de magie puisque l’énergie utilisée permettait de matérialiser quelque chose. Jusqu’à présent, en utilisant sa planche, il ne faisait qu’activer le pouvoir déjà présent dans sa planche Oui-Jâ. En tout cas, il était heureux d’avoir pu éveillé une nouvelle capacité dans un moment critique.

Petit à petit, il réussit à maintenir un rythme respiratoire normal, et le garçon était fin prêt à poursuivre le combat. Son adversaire avait l’air dans le même état que lui. Ce dernier était parvenu à générer le même sort que l’exorciste mais, cela n’avait pas suffi à le protéger. La sphère de Ryô-chan bien que diminuée avait réussi à toucher le Alarion mais sans lui causer la moindre blessure cependant ; seul sa tenue avait été endommagé par l’impact.



« - Sapristi ! Je l’ai raté de ça ! » fit-il en levant sa main droite devant son visage et en rapprochant le pouce de son index pour signifier un minuscule écart.

Déçu que son coup n’ait pas eu plus de portée, il essaya malgré sa fatigue à finir ce qu’il avait commencé. Ce qui était certain, c’était que le seul moyen pour lui de se débarrasser de son adversaire, il fallait impérativement le mettre dans un sale état. Pour le plus grand malheur de l’adolescent, l’homme au katana semblait à présent plus motivé que jamais à le réduire en charpie. Il venait de faire sortir ses deux affreuses canines aussi blanches que le tapis de neige qui recouvrait le sol. L’habitant d’Enaris plaqua ses deux mains sur sa bouche pour retenir un cri d’effroi. Ce type sinistre était donc un vampire. Comment pouvait-il espérer venir à bout d’une de ces créatures terrifiantes que le temps ne pouvait affecter. Au même moment, le curseur de sa planche s'était mis à bouger pour désigner des lettres, mais la terreur empechaît Ryô de percevoir les ondes qui émanaient de son objet magique.

« - Tu ne m’impressionnes pas ! » cria-t-il dans sans en être vraiment convaincu.

Il était vital à présent que Ryô renouvelle son exploit de tout à l’heure. Mais, s’il avait réussi c’était uniquement grâce à la rage qu’il avait ressenti sur le moment. A présent, le seul sentiment qu’il éprouvait était la peur indicible de mourir ou pire de devenir à son tour un ignoble buveur de sang. Non, il devait se ressaisir. Vaincre sa peur et reprendre le dessus sur lui-même. Les vampires étaient certes de puissants combattants mais ils ont également une faille terrible : leur sensibilité accrue à la lumière. La partie de leur corps qui y était exposée se mettait aussitôt à brûler, c’était bien connu.

Plus confiant que tout à l’heure, ses yeux se mirent à briller d’une intensité nouvelle. Il joignit ses deux paumes et se concentra tant bien que mal. De nouveau, son pendentif se mit à briller étrangement, et au creux de ses mains venait d’apparaître une sphère jaune un peu plus grande que la précédente. De grosses gouttes de sueur s’étaient mises à perler sur son visage, descendaient jusqu’au menton avant de s’écraser sur la poudreuse qui recouvrait toute la plaine. Il ne pouvait pas se permettre de manquer une nouvelle fois sa cible. Ses réserves n’étant pas illimitées, s’il les gâchait bêtement, il ne tarderait pas à ramper le nez sur le sol à implorer la pitié d’Alarion. Le seul moyen était encore de se rapprocher.

« - Je peux le faire ! Je peux le faire ! » se répéta-il à voix haute pour se donner du courage.

Ses jambes, bien qu’engourdies par le froid purent se mouvoir correctement et lui permirent de diminuer rapidement la distance qui le séparait d’Alarion. Il fallait également, en plus de courir, de conserver le même état de plénitude que tout à l’heure pour ne pas que la boule lumineuse ne s’évapore dans les airs. Enfin, une fois à bonne distance du protégé de Perséphone, il lança la sphère de toutes ses forces en direction de l’épéiste.

Le Vampire chargeait toujours, ses pas effleurant le manteau neigeux en imprégnant à peine leurs traces sur sa surface… L’homme mort s’approchait de plus en plus…Et voila que le jeune élémentariste recommençait avec ses boules…

Il fallait donc le tuer…Le vampire accéléra…La vitesse lui retira même sa lourde capuche, faisant apparaître son visage tordu par la haine. Le soleil le frappa, la douleur se faisait sentir, mais il ne fallait pas y penser, il fallait tuer le jeune homme…Le tuer avant qu’il ne lance ses boules, puis le vider de son sang jusqu'à la dernière gouttes…

Ils étaient maintenant presque à porté de sabre, le jeune homme envoya sa boule lumineuse…Trop prêt pour esquiver, d’autant qu’il était aveuglé par toute cette lumière. Le vampire se jeta donc sur le jeune homme, au mépris de sa douleur, en accord avec sa nature suicidaire…

Il envoya un grand coup de sabre vers Ryo, ne cherchant même pas à savoir si il avait touché ou pas…Il tituba un moment…Ses habits étaient en lambeaux, ses chairs commençaient à fumer avec un crépitement horrible…La douleur était insoutenable, mais le Vampire savait où était son salut… Dans le sang…Le sang de Ryo…

Il fit quelque pas vers le jeune homme, titubant, son arme trainant derrière lui dans la neige…

« Viens…Ici…. »

Oui, cette fois, cela avait réussi. Ce n’était pas tant la sphère jaune de Ryô-chan qui avait blessé le vampire mais plutôt le contact de la lumière du jour sur sa peau blanchâtre. Le protégé de Perséphone s’était soit perdu dans la colère ou bien, il avait cherché à mourir en même temps que son adversaire. Cependant, surmontant sa douleur, l’adepte du néant parvint à toucher l’élémentaliste dans une ultime attaque. L’exorciste qui avait utilisé une grande partie de son énergie dans ses deux dernières attaques ne pût l’éviter et se retrouva avec une entaille très nette qui partait du bas de sa poitrine et descendait jusqu’un peu plus haut que son nombril.

La plaie bien que superficielle se mit à saigner abondamment et l’adolescent poussa un cri douloureux. Il avait froid, il avait peur et il se sentait vidé de toutes ses forces. En plus de ça, Alarion semblait s’accrocher à la vie et comptait emporter son ennemi dans la tombe avec lui. L’habitant d’Enaris posa une main près de son cœur comme pour arrêter l’hémorragie et se mit à marcher devant lui en espérant que l’assassin s’écroule dans la neige entre-temps. Le temps était à présent du côté du garçon : plus les secondes s’écoulaient, plus la chair du buveur de sang se désagrégeait.



« - Rien qu’un peu … Un dernier effort … » murmura-t-il.

Derrière lui, l’épéiste commençait à marcher avec difficulté, et n’avait même plus la force nécessaire pour tenir correctement sa lame. Les dés étaient jetés à présent. Plutôt que de gaspiller ses efforts dans la fuite, autant s’en servir pour en finir une bonne fois pour toute. Malgré sa blessure, Ryô-chan se retourna, et fit face au grand brûlé. Il avait maintenant perdu tout de sa superbe. A la vue du fer qui traînait lourdement sur le sol, l’habitant d’Enaris comprit que c’était lui qui sortirait vainqueur de cet affrontement.



« - Je suis là ! » dit-il en reprenant son souffle.

Le Soleil frappait fort, se reflétant dans la neige… De mémoire il n’avait jamais autant souffert… Etrangement la douleur ne le répugnait pas… Au contraire… Il était heureux de sentir cette douleur qui le transpercée de part en part… Il se sentait vivant… C’était étrange, se sentir vivre à travers la douleur… Mais après être passé par la non-mort, par l’absence totale de sensation, la douleur devenait l’égale de l’orgasme… Il n’était pas totalement mort finalement…

Il ne put s’empêcher d’arrêter sa marche macabre, levant lentement les yeux vers l’astre diurne… Eclatant soleil…Le visage brulé de plus en plus par le Soleil, le Vampire ne pouvait pourtant en détacher son regard… Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait plus vue… De bien douloureuse retrouvaille finalement…

Quand il reporta son regard sur Ryo, Alarion put constater qu’il était devenu aveugle d’un œil, brulé à vif jusqu'à la cornée…Du sang se mit à perler doucement le long de son corps de plus en plus à vif…Certaines parties commençaient même à virer à la cendre… La douleur était devenue intenable, mais le monstre ne s’écroula pas pour autant. Il fit tournoyer sa lame une dernière fois, envoyant quelques gouttes de sang autours de lui, sa peau crépitant affreusement.

« Finalement…Je vous aurais rejoint beaucoup plus tôt… »

Il chargea l’habitant d’Enaris, mais il était déjà fini…Sa peau brulée tombée en cendre à chaque pas et qu’il releva sa terrible lame pour tuer le jeune Ryo, son corps entier s’envola dans un coup de vent glacial…La lame maudite crée par Perséphone s’évapora doucement, laissant seul Ryo… Si il n’avait pas était blessé, il pourrait se demander si il n’avait pas vécu une hallucination…

Au loin, les cendres du vampire se perdirent dans l’immensité, trois âmes errantes gagnant les rives de l’Autre Monde, aspirant au repos éternel…

( Fin d’Alarion ^^)

Le traineau était trainé par une demi douzaine de chiens au pelage long et brun. Habitués à la rigueur de la montagne, ils avançaient tout seul et sans fatigue. De la buée blanche s'échappait de leur gueule ouverte et accompagnait chacune de leurs expirations puissantes dues à l'effort.
Alors qu'ils ne semblaient pas souffrir de la fraîcheur de la neige sur leurs coussinnets ou sur leur corps puisque la neige s'était remise à tomber légèrement, Ryô sentait la morsure du froid sur son corps fatigué. Ses joues et son nez devinrent tout rouge et sans la couverture qui se trouvait dans le traineau, il aurait probablement pris beaucoup plus froid.

Autour de l'attelage et du son nouveau passager, la plaine était lisse et glacée. Au loin les pics éternels et devant eux se dessinaient doucement les contours d'Uria, capitale de ce coin neigeux autrement seulement composé de villages disparates. Les toits à double pente étaient engorgés de neige et l'on ne pouvait en distinguer la couleur originale. Quelques grands arbres aux feuilles persistantes, pins et sapins centenaires ou pas loin, amenaient un peu de verdure dans cette ville blanche. De la fumée s'échappait par toutes les cheminées présentes et allait se méler aux nuages gris pleins de poudreuses.

Aussi près de la ville, les chiens ne s'arrêtèrent pas un instant distraits par d'autres animaux et tracèrent un sillon rectiligne ponctué de leurs empreintes de pattes derrière eux.

Suivant le judicieux conseil que les esprits lui avaient donné, Ryô-chan s’était accroché au traîneau avec les forces qui lui restaient et équilibrait avec adresse le poids sur ses jambes pour ne pas tomber. Si sa situation n’avait pas été si terrible, il aurait pu trouvé cette activité vraiment amusante. Les chiens galopaient devant lui, entraînant avec dans leur course leur nouveau maître. A chaque instant, le froid se montrait plus terrible, lui donnant l’impression que sa peau se mettait à brûler. Heureusement qu’il avait eu la bonne idée de récupérer cet épais manteau de laine et ces lunettes de protection, sinon il serait certainement déjà mort depuis longtemps.

Bien sûr, il ne parvenait pas encore à s’enlever son combat avec le vampire de la tête. Tout cela s’était passé tellement rapidement. L’exorciste avait encore du mal à croire qu’il avait pu gagner par ses propres moyens. Il devait tout de même admettre qu’il avait eu énormément de chance. Sans que son pouvoir élémental ne s’éveille, il n’aurait jamais pu venir à bout de son adversaire. Et puis, si son double ne l’avait pas préalablement fait sortir du vaisseau avant qu’il ne s’écrase, il serait mort aussi. Seulement, il ne pût se résoudre à ressentir la moindre gratitude pour l’être infâme qui sommeillait au fond de lui et préféra réciter quelques prières pour l’âme du pauvre urianéen qui avait été tué par le disciple de Perséphone.



« - Ce serait tellement demander d’avoir une vie normale ? » dit-il les yeux levés vers le ciel, comme s’il s’adressait au responsable des calvaires qu’il subissait depuis quelques temps.

Enfin, ils arrivèrent aux abords d’un village d’Uria. Rares étaient les gens qui osaient sortir de leurs maisons chaudes et confortables pour se risquer dehors. Les plus courageux regardaient avec une pointe de méfiance et d’étonnement en apercevant à la place du passager habituel, un curieux inconnu aux cheveux aussi blancs que la neige. L’adolescent ne pouvait leur en vouloir d’être inquiets en voyant un étranger à la place d’un de leurs amis. Ils allaient sûrement lui poser un tas de questions. Peut-être même qu’ils penseraient que c’était lui le responsable de la mort du propriétaire du traîneau. Au devant de quels ennuis allait-il ?

Les canidés au lieu de s’arrêter continuaient à courir menaçant de quitter précipitamment ce petit coin de civilisation. Le garçon leur ordonna de s’arrêter, allant jusqu’à les menacer, mais les animaux firent la sourde oreille et continuèrent d’avancer. Abattu, l’habitant d’Enaris lâcha prise et se laissa tomber mollement sur le tapis de poudreuse. Son regard se perdit dans les nuages qui ne cessait de faire tomber sur le pays, inlassablement ses milliers de flocons glacés.

La chute avait refait saigné la blessure qu’Alarion avait infligé à Bakura avant de mourir. Le sang vermeil s’échappait des chairs du blessé rapidement, menaçant de l’assécher du précieux liquide. Il leva un bras au-dessus de lui pour faire signe qu’il avait besoin d’aide. Il essaya de parler, mais les sons se bloquaient dans sa gorge. Il avait mal. Il était épuisé. Il était seul.

Les chiens continuèrent leur route, abandonnant à son sort le pauvre Ryô. Ils sentirent l'odeur du sang que perdait l'adepte de la lumière mais un autre appel les faisait continuer d'avancer. Ils courraient toujours, regagnant la demeure de leur défunt maître.

Les quelques habitants qui avaient vu passé le cortège étaient retournés à leurs occupations et à la chaleur de leur foyer. Non pas qu'ils soient égoïstes mais ils ne pouvaient savoir que le jeune homme s'était jeté à bas du traineau qui continuait sa course folle.
A première vue personne ne viendrait lui prêter secours car personne ne soupçonnait sa présence à quelques centaines de mètres du village.

Mais il y a des choses qu'on attribue à la chance, à la bienveillance d'un quelconque dieu et qui se produise quand tout semble désespéré. Et le cas du jeune exorciste était vraiment désespéré. Son altercation avec le vampire l'avait déjà beaucoup fragilisé en lui laissant une plaie qui venait de se rouvrir et le voilà allongé dans la neige des flocons lui tombant dessus et qui ne manqueraient pas de le recouvrir en entier.
Alors que flottait dans l'air un parfum de désespoir, que sa gorge se faisait sèche, un espoir pour lui s'approchait en la personne d'un enfant parti à la poursuite de son chien. Un enfant que suivait également sa mère paniquée à l'idée de le voir seul dehors alors que des bêtes sauvages rodaient en permanence.
Leurs pas dans la neige étaient lourds et sourds, leurs bottes les obligeant à monter haut leurs jambes pour ne pas s'enfoncer dans la poudreuse jusqu'aux genoux. La mère rattrapa vite sa fille et la prit par la main essayant de la faire rentrer mais la gamine pleurait en appelant son animal de compagnie fugueur. La jeune femme s'accroupit à ses côtés et tenta de la calmer en lui disant qu'il finirait par rentrer quand il aurait faim ou trop froid, qu'il ne fallait pas s'en faire. Mais la petite pleurait encore et se tortillant entre les bras de sa maman réussit à lui fausser compagnie et reprit sa course dans la neige se dirigeant tout droit vers l'élève de Salaën allongé au sol et qu'elle ne vit que lorsqu'elle manqua s'affaler sur lui.

"Maaaaaaaaaaaaamaaaaaaaaaan !!! " cria-t-elle terrifiée en reculant et en tombant sur les fesses. Elle pointait du doigt la neige ensanglantée qui entourait le corps du jeune homme aux cheveux aussi blancs que la lune.
En quelques pas de course, l'adulte se trouva au côté de sa fille et avant de céder à la panique, elle ordonna à la fillette d'aller chercher de l'aide au village le plus rapidement possible. Autant ne pas traumatiser la gamine !
Alors que l'enfant faisait demi-tour en hurlant à l'aide, la femme dont le visage était recouvert d'une grande écharpe brune et d'un bonnet de laine blanc s'agenouilla auprès de Ryô et posa sa main sur sa poitrine pour voir s'il respira encore.

"Vous m'entendez ?" fit-elle inquiète en défaisant son manteau pour en couvrir le jeune garçon frigorifié.

Au moins, il était encore conscient... Rassurée de le voir bouger la tête en réponse à ses paroles, la mère de famille se permit un sourire. Mais celui-ci s'évanouit vite de son visage frigorifié ; l'heure n'était pas encore aux réjouissances...
Que pouvait-elle faire en attendant les hommes ? Elle avait entendu dire qu'il fallait parler aux blessés pour les garder en état de conscience.

" On va venir et on vous amenera au chaud... Il faut que vous restiez avec moi jusque là... d'accord ? "

Elle commençait à avoir froid. Quitter son manteau doublé et se retrouver juste en pull n'était pas recommandé dans cette région. Mais elle ne pouvait décemment pas laisser ce jeune inconnu se geler sur place. La femme enleva son gant et vint toucher le front de Ryô. Il était évidemment froid. Elle n'était pas sure que son manteau suffirait à le réchauffer en attendant les secours. Alors, elle eut l'idée de le réchauffer avec la chaleur de son corps. Les hommes du village racontaient qu'ainsi on pouvait tenir plus longtemps lors des tempêtes ou quand le feu s'éteignait. Dans combien de temps arriveraient-ils ? Est-ce que sa fille arriverait à leur faire comprendre l'urgence de la situation ?

La villageoise repassa son gant sur sa main gerçée par le froid et préférant ne pas prêter plus attention au sang gelé qui tâchait l'immaculé manteau neigeux, elle souleva un peu la tête de l'adepte de la lumière et s'asseyant derrière lui, les jambes étendues de chaque côté, la déposa sur ses cuisses. Elle se pencha sur lui, chercha à réchauffer et son corps et celui du jeune homme. Enfin, elle commença à chantonner afin de capter l'attention du blessé laissant son souffle caressé la joue pâle de l'étranger.




La chanson s'arrêta là. Une main venait de se poser sur son épaule et elle releva la tête pour voir avec bonheur son père, son mari et d'autres de leurs voisins. Ils purent voir ses lèvres bleues mais comprirent qu'elle n'accepterait leur aide et leurs remontrances qu'après qu'ils se soient occupés de celui sur lequel elle veillait.


" Dépêchez-vous les amis ! "

Une autorité naturelle se dégageait de cet homme au visage basané. Les gestes qui suivirent ces mots furent précis et rapides. Ryô-kun fut déposé avec une grande précaution sur une planche de bois. Sa blessure ne saignait surement plus, gélée comme le reste de son corps mais il en fallait surement peu pour qu'elle se rouvre au vu du sang qu'il avait déjà perdu. Deux hommes portèrent le brancard jusqu'au village, la femme à côté d'eux ne voulant pas lâcher la main de son protégé. Son époux avait jeté sur ses épaules un épaix châle de laine mais elle ne s'en rendit apparement pas compte. Elle reprit sa chanson.

" A-t-il une chance beau-père ?" demanda-t-il inquiet en arrière du cortège.


" Elle a fait ce qu'elle a pu. S'il n'est pas insconcient, c'est déjà une bonne chose. "

Comment se prononçer... ?

Le mari, aussi inquiet pour le jeune homme bien pâle que pour sa femme qui semblait déjà bien attaché à ce garçon, ouvrit grande la porte de sa maison pour laisser entrer le brancard et son blessé. Une bourrasque de vent penêtra dans la pièce principale et fit vaciller les flammes du foyer. Quelques flocons entrèrent avec eux avant que la porte ne fut brusquement renfermée.
La fillette ouvrit de grands yeux quand elle put enfin voir le visage de ce qu'il lui avait fait peur plus tôt. Il avait l'air si gentil ce garçon... Elle se précipita sur sa mère cherchant son réconfort mais celle-ci ne la serra qu'un instant contre elle avant d'aller s'asseoir auprès de Ryô installé près du feu.

" Tout va bien se passer..."